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Un moment en manif 

 

 

L’expérience de la manifestation est entière. Tout ce qui s’y passe s’impose à nous. Les étudiant·e·s ont souhaité restituer ici leur expérience de la manifestation à travers ses dimensions visuelle, sonore et émotionnelle, pour vous faire (re)vivre un « moment en manif ».

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Lors d’un samedi après-midi, j’ai assisté à une manifestation de gilets jaunes. Je suis arrivée un peu après le début du cortège. Tout se passait plutôt bien au début. Une brigade de policiers encadrait la manifestation. J’avançais au même pas que les gilets jaunes, au rythme de leurs slogans. On ressentait une certaine colère dans leurs mots. De temps en temps, quand on croisait un flic, les manifestants l’insultaient « On déteste la police » disaient-ils. Les flics restaient souvent calmes au début de la manifestation. Le conflit était parfois présent lorsque certaines personnes étaient trop proches d’un CRS. Du renfort venait pour aider les policiers. Plus on avançait, plus l’angoisse se faisait ressentir. Des troupes de flics nous barraient la route, nous disant de rentrer chez nous. La tension était palpable. Arrivés au pont de Guillotière, une horde de CRS nous attendait. Je suis donc sortie de la manifestation car cela devenait trop dangereux. Je l’ai suivi de loin. Les policiers ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes dans la foule, et les manifestants faisaient tout pour avancer. Il y avait des bousculades, des cries et des insultes. C’était violent.

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Ce samedi 7 mars je me suis rendu sur la Place Bellecour vers 14 h. C’était une manifestation de gilets jaunes, plus spécifiquement axée sur le 49.3 déclenché par le Gouvernement. Les gilets jaunes et autres manifestants se sont réunis sur la place, près de la statue du cheval. Au bout d’une demi-heure la place était remplie de monde. Sur les entrées de la place étaient positionnés des gendarmes. 

Vers 14 h 30, les gilets jaunes ont déclenché le départ de la manifestation. La foule a commencé à se diriger vers le Vieux Lyon. Très vite, des voitures de police avec leurs sirènes sont arrivées sur la route située à droite de la foule. La première ligne des manifestants est arrivée devant les forces de l’ordre qui barraient l’avenue menant au Vieux Lyon. Les gilets jaunes étaient déterminés à passer. Ils continuaient à chanter « On est là ! On est là ! Même si Macron ne veut pas nous on est là ! ». Des tensions ont commencé à se faire sentir entre les manifestants et les forces de l’ordre. Les CRS ordonnaient aux manifestants de reculer et de disperser, menaçant de faire usage de la force. Les manifestants ont commencé à insulter les policiers, les traitant de « collabos », « milice du capital », « les putes à Macron ». Ils envoyaient également des projectiles sur les CRS tel que des bouteilles et des pétards. Soudain, les CRS ont envoyé des gaz lacrymogènes et asséné des coups de matraque aux manifestants situés en première ligne. Je me suis reculé à cause des gaz lacrymogènes qui me brûlaient les yeux et la gorge. J’ai pu me faire aider par une médic qui m’a administré du sérum physiologique et du malox dans la bouche. Ces gaz sont si agressifs qu’ils donnent le tournis et désorientent. 

Lorsque j’ai repris mes esprits, les manifestants étaient à l’opposé de la Place Bellecour. Les forces de l’ordre continuaient à envoyer des gaz lacrymogènes. La place était pleine de gaz lacrymogènes, on ne voyait plus rien tant la fumée était opaque. Je me suis donc positionné près de la poste. C’est à ce moment là que j’ai vu des agents de la BAC arriver. Ils étaient groupés, tous cagoulés et ne portaient aucun RIO censé les rendre identifiables auprès des services de police. L’un des agents en première ligne du groupe portait un LBD. Un de ses collègues, à sa gauche, lui montrait des manifestants en les pointant du doigt. D’autres forces de l’ordre jetèrent des gaz lacrymogènes sur la foule qui était compacte. Le policier de la BAC armé du LBD tira une de ses cartouches sur la foule malgré le manque de visibilité. Les gaz lacrymogènes étaient juste devant lui à une vingtaine de mètres, il ne pouvait donc rien voir. Plus loin, sur la route reliant Cordeliers à Bellecour était positionné un canon à eau. Ce dernier aspergeait d’eau des manifestants qui cherchaient à passer malgré les barrages des forces de l’ordre.

Plus tard, je me suis promené sur la place, afin de constater l’ampleur des dégâts. La place était recouverte de grenades lacrymogènes usagées. Des débris de bouteilles et d’autres projectiles jonchaient le sol. Des parasols avaient été brûlés par des manifestants et des vitres de banques avaient été cassées. On pouvait encore sentir l’odeur du gaz lacrymogène.

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